Exposition au musée des Arts Asiatiques :
Les bois d’Immortalité jusqu'au 13 avril 2009
La ville de Nice vous offre la possibilité d’étendre votre réflexion en allant visiter l’exposition en cours au musée des arts asiatiques. Les bois d’immortalité sont des bois qui défient le
temps grâce à des techniques sophistiquées de préparation du bois. Mais il existe une deuxième lecture pour ces bois qui étaient déposés sous les tombes. Les cerfs, les daims étaient des animaux
mythiques dont les ramures accompagnaient les défunts. Ils accompagnent donc les défunts pour l’éternité. Outre la qualité extraordinaire des pièces exposées, un magnifique film présente
l’exhumation de momies en parfait état, ayant conservé l’élasticité de leurs tissus. Les conditions de conservation de ces momies sont un mystère et
l’on suppose que la constance de la température et de l’hygrométrie de ces tombes a permis une telle qualité de conservation. Pendant que des
chirurgiens dissèquent la momie d’une marquise. De nombreuses références à sa vie luxueuse sont racontées en flash-back dans un film d’une durée de 40 minutes. A l’entrée de l’exposition deux diagrammes horizontaux donnent des repères sur les dynasties chinoises. Mon ami Guy Muller décrit la tombe du marquis
Yi découverte à l’occasion de l’excavation d’un terrain destiné à devenir une nouvelle station de métro sur le site de la Confrérie de l’Etiquette :
http://confrerieetiquette.over-blog.com/article-6892550.htm
Les bois d'immortalité à Nice :
Xian, l'armée de pierre
C’est Jean Marie Le Clézio qui explique comment la conquête espagnole « Le rêve mexicain ou la pensée interrompue » a détruit une civilisation remarquable par la force et la ruse. Cette volonté de destruction de Cortès a été jusqu’à la suppression de l’alphabet des glyphes aztèques. Le respect des forces naturelles, la recherche de l’équilibre entre l’homme et le monde auraient pu être le frein nécessaire au progrès technique du monde occidental. Parce qu’il s’est laissé entraîner par sa propre violence, l’homme d’Occident doit réinventer tout de qui faisait la beauté et l’harmonie des civilisations qu’il a détruites ».
La fresque "les bienfaits de la civilisation" - palais présidentiel -Mexico
Fronton de Temple Maya - Musée ethnologique -
Mexico
Les mots ont dans ce domaine une importance capitale. L’Ancien est une référence, alors que le vieux s’oppose au
jeune. Quant au senior il est une pure invention pour ceux qui se paient de mots en invitant leur descendance à les qualifier de pappies ou de mamies. Le senior existe pour différencier ceux qui
peuvent acheter des biens de consommation, des vieux qui ne sont pas des consommateurs. Le vieux est à la charge de la société, tellement à charge de par son inutilité, qu’il vaut mieux oublier
au plus vite son existence. Pour vendre à cette catégorie il faut éviter toute référence à l’âge.
Observatoire à Chichen Itza - Mexique
A une époque où l’on se soucie de moins en moins des anciens et où la crémation progresse, la plongée dans la connaissance d’autres civilisations, nous apporte une information importante.
L’évolution des mœurs dans notre société s’éloigne de plus en plus des critères qui structuraient les civilisations Maya, Aztèques, Egyptienne et Chinoise. Le culte des ancêtres n’a plus sa place
dans une société avide de consommations immédiates. En adorant le veau d’or nous avons perdu le lien de respect qui unissait les générations les unes aux autres. L’éventualité du travail le
dimanche est une pierre tombale sur le seul élément d’union familiale.
La conséquence de cette destruction systématique d’une chaîne de filiation implique une moindre fréquentation des lieux de mémoire par les nouvelles générations. En conséquence les vieux cèdent la place en silence sachant qu’aucun espace ne recueillera les pensées de leurs enfants.
C’est en me faisant ces réflexions que j’ai visité les nécropoles de Xian en pensant que le progrès peut être un recul de la civilisation. Car
autour de ces immenses tombes, toute une population de touristes (occidentaux), circulait dans un profond silence. C’était pour chacun la marque du respect inspiré par une armée de pierre
alignant des centaines de soldats, officiers, dignitaires avec leurs chars et leurs chevaux.
Que restera-t-il de notre civilisation ? D’immenses friches industrielles : centrales nucléaires, gazomètres, usines abandonnées, dépôts de déchets polluants plomb, mercure,
amiante….
Francois Duplessis